SN 386

SN 386 est le nom donné à un événement astronomique observé par des astronomes chinois en l'an 386 et recensé à l'époque sous le terme générique d'«étoile invitée» et actuellement reconnu comme étant une envisageable supernova.



Catégories :

Supernova historique - Étoile invitée - Objet céleste - Constellation du Sagittaire - 386

Recherche sur Google Images :


Source image : shopping.expressindia.com
Cette image est un résultat de recherche de Google Image. Elle est peut-être réduite par rapport à l'originale et/ou protégée par des droits d'auteur.

Page(s) en rapport avec ce sujet :

  • Le rémanent de supernova de SN 1054, constitué des débris éjectés lors de .... Première année de l'ère Jiayou, troisième mois lunaire, le directeur du ... (source : devoirdemaths)

SN 386 est le nom donné à un événement astronomique observé par des astronomes chinois en l'an 386 et recensé à l'époque sous le terme générique d'«étoile invitée» et actuellement reconnu comme étant une envisageable supernova. Si l'existence de l'événement ne fait pas de doute, sa nature exacte (nova ou supernova) est sujette à débat, à cause de la difficulté d'interprétation du seul témoignage rédigé relatant l'observation du phénomène, et surtout au niveau de la localisation de ce dernier sur la sphère céleste. Dans l'hypothèse où cet événement serait effectivement une supernova, il s'agirait de la seconde supernova historique la plus ancienne après celle de l'an 185 (SN 185). Elle précède d'uniquement sept ans une autre supernova, énormément plus avérée, SN 393.

Témoignage historique

Seuls deux témoignages historiques rédigés relatant l'observation d'une étoile invitée en 386 sont parvenus jusqu'à nous. Ils se trouvent dans les parties dédiées à l'astronomie du Songshu (chapitre 25) et du Jinshu (chapitre 13). La partie astronomique du témoignage est semblable sur ces deux ouvrages. Elle indique :

«Onzième année de la période Taiyuan de l'empereur Xiaowu, au troisième mois lunaire, une étoile invitée est apparu à Nandou. Elle a persisté jusqu'au sixième mois lunaire, où elle a disparu.»

À la suite de ce descriptif figure l'interprétation astrologique faite de l'événement, comme de coutume dans le monde chinois de l'époque. Les dates indiquées correspondent, sur le calendrier grégorien, à l'an 386. Le troisième mois lunaire correspond à l'intervalle 15 avril-13 mai, et le sixième mois lunaire à 13 juillet-10 août.

Interprétation

Le témoignage fait référence à un phénomène céleste fixe et de longue durée. Il s'agit sans doute d'une nova ou d'une supernova, mais le témoignage ne permet pas aisément de trancher entre ces deux hypothèses. La période de visibilité ne donne que les mois lunaires et non les jours précis. L'astre est par conséquent resté visible pendant une durée allant de 60 à 115 jours, selon les jours exacts de première et dernière visibilité. La partie basse de la période de visibilité est typique d'une nova, tandis que la partie haute est plus caractéristique d'une supernova.

Le terme de Nandou se réfère à deux entités différentes : une loge lunaire, c'est­-à-dire une bande d'ascension droite dont la largeur fait à peu près 26 degrés, et un astérisme de taille énormément plus restreinte, localisé en partie dans la loge lunaire (et la loge adjacente localisée immédiatement à sa droite, Ji), au niveau de l'actuelle constellation occidentale du Sagittaire. Le terme de l'astérisme a une forme de louche, légèrement à l'image du grand chariot de la Grande Ourse, le terme Nandou (louche méridionale) étant directement inspiré du terme Beidou (louche boréale) qui sert à désigner ce dernier.

Le témoignage ne précise hélas pas si le terme Nandou se réfère à la loge lunaire ou l'astérisme. Dans le premier cas, la latitude galactique de l'évènement est non déterminée, mais a une grande probabilité d'être élevée. Dans ce cas, l'évènement se réfère sans doute à une nova, les supernovæ étant confinées à la proximité du plan galactique (c'est-à-dire aux faibles latitudes galactiques). Si le terme Nandou se réfère à l'astérisme, alors la grande proximité de ce dernier, surtout son extrémité nord, avec le plan galactique plaide pour une envisageable supernova.

Il reste complexe de discriminer entre ces deux hypothèses. A titre d'exemple, le Songshu et le Jinshu mentionnent de nombreux passages de comète. Sur la période s'étalant de 265 à 349, la mention de la naissance stipule toujours la loge lunaire, mais pas l'astérisme précis où la comète a été vue. Par contre, de 402 à 419, c'est l'astérisme et non la loge lunaire qui est mentionné. L'an 386 étant entre ces deux périodes, il est complexe de savoir quelle était la coutume de l'époque (loge ou astérisme). Le texte mentionne aussi que l'astre est apparu à («zai» dans le texte) Nandou, terme qui n'est hélas pas particulièrement explicite. À l'inverse, sept ans plus tard pour SN 393, l'événement de l'époque est décrit comme s'étant produit dans Wei, une loge lunaire qui correspond aussi à un astérisme. Le terme dans indique ici de façon plus convaincante qu'on se réfère à l'astérisme et non la loge lunaire. Ce terme n'est malheureusement pas utilisé pour le témoignage de l'an 386, et rend son interprétation plus incertaine.

Recherche du rémanent éventuel

La proposition que cet événement corresponde à une supernova a été faite la première fois en 1977 par David H. Clark et F. Richard Stephenson[1]. Pour étayer cette proposition, ils avaient identifié l'envisageable rémanent de cette supernova comme étant SNR G011.2-00.3. Ce rémanent localisé à proximité immédiate de la dernière étoile de Nandou (μ Sgr) était en fait à l'époque l'unique connu dans la région de l'astérisme Nandou, et présentait diverses caractéristiques attestant d'un âge jeune. Depuis, plusieurs autres rémanents ont été identifiés comme pouvant être issus d'une explosion d'il y a légèrement plus de 1 600 ans : SNR G013.3-01.3, SNR G008.7-05.0, SNR G007.7-05.0.

Parmi ces quatre rémanents, c'est le premier appelé qui a été l'objet du plus d'attention. Il s'agit en effet du plus petit en termes de taille angulaire et de celui possédant la plus grande brillance de surface parmi ceux de cette région du ciel, tout autant de caractéristiques attestant d'un objet jeune. Sa structure ne présente pas de bord marqué, attestant qu'il est toujours dans la phase dite d'expansion libre et qu'il n'est certainement pas toujours entré dans la phase de Sedov-Taylor (voir Rémanent de supernova — Formation et évolution des rémanents), autre caractéristique d'un objet jeune, sans que cela puisse donner un fourchette précise de son âge. Sa distance est assez bien estimée (5 kpc), ce qui implique que sa vitesse d'expansion devrait être de l'ordre de 2 000 km/s s'il date de 386, valeur plutôt basse, mais réaliste pour un rémanent. Si d'aventure cette valeur était plus basse que la valeur réelle d'expansion de ce rémanent, cela impliquerait qu'il correspond à une autre supernova, semble-t-il non référencée et postérieure à 386. Cette hypothèse n'est d'ailleurs pas irréaliste, car la distance de ce rémanent est suffisante pour expliquer qu'il puisse ne pas avoir été notablement visible à l'œil nu lors de son explosion. Un indice susceptible de corroborer l'association entre ce rémanent et l'événement est son observation dans le domaine des rayons X, qui conforte un vitesse du choc de l'ordre de 1 400 km/s. De plus, un pulsar, PSR J1811-1925, a été découvert en 1997 au centre de ce rémanent[2], et son âge caractéristique mais aussi sa période de rotation (65 millisecondes) attestent qu'il s'agit de son jeune âge[3].

Les autres rémanents ne présentent loin s'en faut pas de caractéristiques aussi pertinentes pour pouvoir être associés à une exlposion de supernova vieille de 1 600 ans. A titre d'exemple, SNR G013.3-01.3 possède une vitesse d'expansion lente, une taille physique importante et une taille trop irrégulière pour faire un rémanent aussi jeune. Quant à SNR G008.7-05.0 et SNR G007.7-05.0, leur haute latitude galactique suggère qu'il s'agit d'objets assez proches. Leur magnitude apparente lors de l'explosion devrait dans ce cas avoir été suffisamment basse, ce qui semble incompatible avec la durée d'observation assez courte du phénomène (moins de quatre mois), d'autant que la période de dernière visibilité de l'astre au moment de l'explosion correspondait à des conditions d'observation favorables (elle n'a par conséquent pas été empêchée par la trop grande proximité avec le soleil, par exemple). Ces deux rémanents, dans l'hypothèse où ils sont effectivement proches, peuvent cependant correspondre à des rémanents assez jeunes, si tant est que leur vitesse d'expansion est suffisamment grande.

Pour toute ces raisons, c'est par conséquent bien SNR G011.2-00.3 qui est reconnu comme le probable rémanent de SN 386, si tant est que c'est effectivement une supernova qui a été observée cette année là. Si tel n'est pas le cas, ce rémanent semble avoir de fortes chances d'être associé à une supernova plus récente plutôt que plus ancienne que l'an 386.

Lien externe

Référence

Notes

  1. (en) David H. Clark & F. Richard Stephenson, The Historical supernovæ, Pergamon Press, Oxford, 1977, 233 pages (ISBN 0080209149) .
  2. (en) K. Torii et al. , Discovery of a 65 millisecond pulsar in the supernova remnant G11.2-0.3 with ASCA, Astrophysical Journal, 489, L145-L148 (1997) Voir en ligne.
  3. L'âge caractéristique de ce pulsar est d'environ 24 000 ans, mais représente pour un pulsar jeune une limite supérieure de son âge plus qu'une estimation fiable de son âge réel.

Recherche sur Amazone (livres) :




Ce texte est issu de l'encyclopédie Wikipedia. Vous pouvez consulter sa version originale dans cette encyclopédie à l'adresse http://fr.wikipedia.org/wiki/SN_386.
Voir la liste des contributeurs.
La version présentée ici à été extraite depuis cette source le 30/04/2009.
Ce texte est disponible sous les termes de la licence de documentation libre GNU (GFDL).
La liste des définitions proposées en tête de page est une sélection parmi les résultats obtenus à l'aide de la commande "define:" de Google.
Cette page fait partie du projet Wikibis.
Accueil Recherche Aller au contenuDébut page
ContactContact ImprimerImprimer liens d'évitement et raccourcis clavierAccessibilité
Aller au menu